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Frais de scolarité : une moitié de la solution.
Soumis par Cyrille Béraud le dim, 04/15/2012 - 14:43Je sais qu'il sera difficile de se faire entendre dans le brouhaha actuel entourant le débat sur la hausse des frais de scolarité au Québec.
Je sais que beaucoup penseront que ce que je vais avancer ici n'est pas essentiel et n'aborde que superficiellement le véritable débat de société qui fait rage chez nous. Peut-être.
Alors que le mouvement étudiant prenait son envol, j'ai été frappé par le fait qu'au même moment, le gouvernement du Québec prenait la décision de lancer un vaste plan de migration de l'ensemble des postes informatiques de l'État et des organismes de la santé et de l'éducation vers Windows 7.
Le coût du projet est évalué à 1,4 Milliard de dollars. Il concerne 738 000 postes de travail. 88 000 pour la fonction publique, 150 000 pour la santé, et près de 500 000 pour l'éducation.
Vous pourrez lire un des rares articles paru sur le sujet, il y a deux semaines : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201203/29/01-4510778-un-milliard-pour-renouveler-les-postes-informatiques.php
Le coût pour le seul secteur de l'éducation est évalué à 904 millions de dollars.
Concernant la hausse des droits de scolarité, si l'on se réfère au document du Ministère du budget ( http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/Budget/2011-2012/fr/documents/Education.pdf ), l'augmentation se faisant progressivement, vous pourrez constater qu'en 2012, on s'attend à 41 M$ de revenu supplémentaire , en 2013 90M$, en 2014 144M$, en 2015 193 M$, en 2016 231 M$ et en 2017 265M$.
Soit un total de 964 millions de dollars pour la période 2012-2017.
Première remarque : ces 904 millions de dollars de dépenses pour la migration Windows 7 n'apporteront, à peu de chose près, aucun gain de productivité pour le secteur de l'éducation. Comme beaucoup d'entre vous le savent, cette dépense est due au fait que le fournisseur, Microsoft, cesse le support de windows XP et impose donc à ses clients le passage à la nouvelle version de leur produit.
Deuxième remarque : l'ensemble de ces coûts sont récurrents. L'État n'achète pas ces logiciels. Il achète un droit d'utilisation. Il paye, dans le fond, une dîme, une rente à une multinationale, pour lui permettre d'utiliser des logiciels qui pourtant existent pour la plupart gratuitement sur Internet.
Troisième remarque : l'utilisation de logiciels libres et de Linux dans le cas particulier qui nous intéresse ici (les postes de travail) est parfaitement adapté au secteur de l'éducation. Il est non seulement adapté mais aussi hautement souhaitable pour l'avenir du Québec. Je ne m'étendrai pas sur ce dernir point pourtant essentiel.
Quatrième remarque : certes, une migration vers les logiciels libres entraînerait des coûts de migration. Ils sont difficiles à chiffrer et sont sans doute important bien que probablement moindre que les coûts de migration Windows 7 (chiffré pour le secteur de l'éducation à 607 M$). À dire vrai, l'honnêteté intellectuelle voudrait que les coûts de migration vers les logiciels libres ne soient pas pris en compte. En effet, à la différence du modèle privatif, ceux-ci ne sont pas récurrents. Ils sont de véritables investissements (et je passe les bénéfices secondaires, comme la création d'emplois locaux).
Mais, là encore, ne chipotons pas. Même en considérant des coûts de 450 millions de dollars pour la migration vers les logiciels libres, une politique déterminée d'utilisation des logiciels libres dans le réseau de l'éducation permettrait une économie d'au moins 450 millions de dollars sur la période 2012-2017 et couvrirait près de la moitié de la hausse des frais de scolarité au Québec.
J'ai le sentiment que si le gouvernement arrivait avec une proposition de diminution de 50% de la hausse des frais de scolarité sur la table, les conditions seraient réunies pour sortir de l'impasse politique dramatique ( et lourde de conséquences) dans laquelle nous nous trouvons.
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